ELLE SAIT CE QU'ELLE VEUT, WILLY NEW
ÉDITIONS LE FÉTICHE, 1953
En regardant la couverture, le titre, le nom de l'auteur et la poupée pas tout à fait dénudée (mais c'est déjà un bon début) qui s'y montre de pied en cap, on se dit :
C'est un roman d'amour charnel.
Mais en lisant la chose, on se rend vite compte de son erreur. Car Elle Sait Ce Qu'Elle Veut, c'est un roman d'espionnage.
Avec, je te rassure, de gros morceaux d'amour charnel dedans.
Le héros s'y nomme Jack Norton. Et c'est un espion. L'agent numbeur ouno du Fédéral Bureau of Investigation. Présentement, il se trouve dans un train, en plein pays basque et direction Pampelune. Face à lui, bien assise sur la banquette, trône une mousmée tout ce qu'il y a de plus tonitruant, une nénette entièrement constituée d'un matériel de premier choix - matériel de premier choix que l'auteur va s'ingénier à nous décrire sous tous les angles et pendant de très longues pages.
Ainsi alléché par cette description épicée, notre agent secret en oublie carrément sa mission (qui consiste à récupérer de mystérieux documents en Espagne) et ne pense plus qu'à se farcir la gonzesse, subito presto. Il en a la gueule d'un Will Coyote affamé, apercevant dans sa ligne d'horizon ce grand Géocoucou de Bip Bip et lui préparant un nouveau piège ACME imparable.
Pas de chance, ça rate.
Car la gonzesse est une garce et la gonzesse est, le lecteur l'avait déjà deviné, une espionne ennemie !
S'en suivent donc 180 pages d'une intrigue qui voit Jack Norton traquer mollement la dame pré-citée, combattre quelques mastards poilus (Espagne oblige) et tomber de temps à autre quelques poulettes à gros parechocs et petites vertus (Espagne oblige).
Autant dire que l'on s'y emmerde copieusement.
À la fin, on apprend tout de même que l'espionne ennemie n'était ni espionne ni ennemie mais juste une journaliste très friendly que notre héros s'empresse alors de coucher dans son page pour y procéder à quelques palpations orgasmatiques.
De cette jaffe tiède et sans saveur, pas très éloignée qualitativement de certains romans La Tarente, je retiendrais néanmoins la petite explosion d'ultra mauvais goût à la fin du chapitre 8, un truc à réciter dans la rue (ou à publier sur un blog) afin de se faire traiter (insigne honneur !) d'affreux jojo phallo-salaud par tout le contingent des mémères MLF et des poulettes modernes dénuées d'humour et de légèreté.
Donc, dans ce chapitre 8, une danseuse de flamenco essaye de jouer un mauvais coup notre héros.
Ce dernier, sentant venir un rebecca bien salingue, satane directos la polka, lui arrache les vêtements puis se met à la travailler au corps, en pleine rue, et à grands coups de gourdin.
Traduction : il la viole, "brutalement, avec la vigueur d'un animal en rut."
Et là, il se passe ce qu'il se passe habituellement dans tous les romans pour mecs lorsqu'un viol se passe, c'est à dire qu'il se passe que la fille se met à apprécier ça !
Et l'auteur d'en rajouter une ultime couche en faisant cracher son héros aux pieds de la gonzesse, humiliée... mais conquise !
Bref, Elle Sait Ce Qu'Elle Veut, c'est peut être chiant à 90 % du temps, mais ce chapitre 8, il n'y a pas à renauder, c'est un vrai bonheur, un déchainement cognitif (du verbe "cogner"), le parfait manuel du savoir vivre à l'usage des geinteul'mènes sensibles et modernes que nous sommes.
T'es pas d'accord ?
ÉDITIONS LE FÉTICHE, 1953
En regardant la couverture, le titre, le nom de l'auteur et la poupée pas tout à fait dénudée (mais c'est déjà un bon début) qui s'y montre de pied en cap, on se dit :
C'est un roman d'amour charnel.
Mais en lisant la chose, on se rend vite compte de son erreur. Car Elle Sait Ce Qu'Elle Veut, c'est un roman d'espionnage.
Avec, je te rassure, de gros morceaux d'amour charnel dedans.
Le héros s'y nomme Jack Norton. Et c'est un espion. L'agent numbeur ouno du Fédéral Bureau of Investigation. Présentement, il se trouve dans un train, en plein pays basque et direction Pampelune. Face à lui, bien assise sur la banquette, trône une mousmée tout ce qu'il y a de plus tonitruant, une nénette entièrement constituée d'un matériel de premier choix - matériel de premier choix que l'auteur va s'ingénier à nous décrire sous tous les angles et pendant de très longues pages.
Ainsi alléché par cette description épicée, notre agent secret en oublie carrément sa mission (qui consiste à récupérer de mystérieux documents en Espagne) et ne pense plus qu'à se farcir la gonzesse, subito presto. Il en a la gueule d'un Will Coyote affamé, apercevant dans sa ligne d'horizon ce grand Géocoucou de Bip Bip et lui préparant un nouveau piège ACME imparable.
Pas de chance, ça rate.
Car la gonzesse est une garce et la gonzesse est, le lecteur l'avait déjà deviné, une espionne ennemie !
S'en suivent donc 180 pages d'une intrigue qui voit Jack Norton traquer mollement la dame pré-citée, combattre quelques mastards poilus (Espagne oblige) et tomber de temps à autre quelques poulettes à gros parechocs et petites vertus (Espagne oblige).
Autant dire que l'on s'y emmerde copieusement.
À la fin, on apprend tout de même que l'espionne ennemie n'était ni espionne ni ennemie mais juste une journaliste très friendly que notre héros s'empresse alors de coucher dans son page pour y procéder à quelques palpations orgasmatiques.
De cette jaffe tiède et sans saveur, pas très éloignée qualitativement de certains romans La Tarente, je retiendrais néanmoins la petite explosion d'ultra mauvais goût à la fin du chapitre 8, un truc à réciter dans la rue (ou à publier sur un blog) afin de se faire traiter (insigne honneur !) d'affreux jojo phallo-salaud par tout le contingent des mémères MLF et des poulettes modernes dénuées d'humour et de légèreté.
Donc, dans ce chapitre 8, une danseuse de flamenco essaye de jouer un mauvais coup notre héros.
Ce dernier, sentant venir un rebecca bien salingue, satane directos la polka, lui arrache les vêtements puis se met à la travailler au corps, en pleine rue, et à grands coups de gourdin.
Traduction : il la viole, "brutalement, avec la vigueur d'un animal en rut."
Et là, il se passe ce qu'il se passe habituellement dans tous les romans pour mecs lorsqu'un viol se passe, c'est à dire qu'il se passe que la fille se met à apprécier ça !
"La femme devint consentante, suppliante. Révoltée au début, puis passive, elle rythmait son émoi avec le désir de celui qui la possédait."
Puis :
"La fille acceptait de plus en plus la loi du mâle. Avec ses bras [...], elle enlaçait le dos de l'homme, collant son ventre, forçant de tous ses muscles pour que le plaisir vienne plus rapidement."
Et enfin, elle déclare :
"- Tu vas me faire mourir, chéri..."Mais chéri est un gros chameau et "l'air satisfait, dans une attitude orgueilleuse de mâle qui a vaincu, Norton s'arracha à l'étreinte de la putain qui cherchait à le retenir et lui murmurait à l'oreille des mots d'amour, car elle était définitivement conquise. Il se leva, rajusta ses vêtements, puis, jetant un regard narquois sur celle qui était toujours allongée dans l'herbe, il lança calmement, en articulant bien ses mots :"
"-... Cela n'empêche pas que tu es une salope..."Quelle distinction ! Quelle classe ! Quel homme !
Et l'auteur d'en rajouter une ultime couche en faisant cracher son héros aux pieds de la gonzesse, humiliée... mais conquise !
Bref, Elle Sait Ce Qu'Elle Veut, c'est peut être chiant à 90 % du temps, mais ce chapitre 8, il n'y a pas à renauder, c'est un vrai bonheur, un déchainement cognitif (du verbe "cogner"), le parfait manuel du savoir vivre à l'usage des geinteul'mènes sensibles et modernes que nous sommes.
T'es pas d'accord ?
5 commentaires:
LOL ! Je n'ose m'incliner à cause de ma sciatique mais mazette quel bulletin !
Un peu, que chuis d'accord - d'ailleurs, tu vas me faire mourir, chéri.
Accessoirement, il me semble que dans une digression dont il a le secret, San-Antonio disait avoir voulu donner "Tant qu'il y aura des zobs" à un de ses romans, titre refusé par l'éditeur !
Ce n'est définitivement pas du Guy des Cars.
Tant mieux.
Kerys : Mince, je savais pas. J'ai été doublé par Fredo !!!
Et j'ai oublié de préciser mais deux chapitre plus loin, Jack Norton retrouve la danseuse de Flamenco (cette fois-ci soumise à 100 %) et déclare alors : "Les femmes sont comme des chiens, ce sont des animaux qui lèchent."
Je ne sais quel smiley utiliser pour ponctuer (ou plutôt "point-finaliser") cette douce assertion...
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