LA TURLUTTE FINALE !

LE LIT À BALDAQUIN, SAINT-AMOUR
COLLECTION CITER, 1963

Attention ! Cachez les femmes et les gosses
! Revoila le glorieux fou furieux qui, la nénette en feu, s’apprête à fracasser sur les touches de son clavier Japy la pornographie à papy.
Je ne vais pas le répéter trois fois. Tous aux abris. Aucune pitié n'est ici à espérer. Tel le foutre d'un étalon, l'affreux a déjà frappé à plusieurs reprises et, d'éditions en rééditions, sa puissance de feu demeure démentielle.
Résumé des épisodes précédents, en vrac et dans le désordre de mes souvenirs :
Armé d'un vit d'une trentaine de centimètres, un cow-boy texan tire à bout portant sur toutes les donzelles qui passent dans son périmètre. Un vieux noblion voit son zob croqué et recraché par sa bonne déguisée en nonne. Des barbus homosexuels peuplent une île de débauche. Une adolescente américaine, amatrice de sucettes à l'anis, se fait lécher la motte par son teckel avant de se farcir son père puis d'aller flageller sa mère. Le docteur Pédalus règne en maître sur une clinique de donneurs de sperme. Des bites se retrouvent affublées, lors de cérémonies aussi secrètes qu'arrosées, de sobriquets ridicules. Amiral Nelson, Beethoven ou Isidore Oscar.

Afin de ne pas être en reste, l'auteur multiplie lui aussi les pseudonymes. Il est Johnny Fagg, Regis Lary, K.R. John ou, pour le forfait du jour, Hypolite de Saint-Amour. Le nom avait déjà été évoqué lors d'un précédent volume - en page 179 de À Belles Dents, pour être exact. L'auteur s'y qualifiait de "pornographe empirique" et de "spécialiste français de l'amour moderne." Cette fois-ci, il se donne du "Tacite de la mentule et du rageur," du "Napoléon de la banderie," du "Saint-Simon du coït" et du "Plutarque du libertinage." 
On est jamais mieux servi que par soi-même...
...Ce qui n’empêche pas de se servir des autres.
Ainsi, ce Lit à Baldaquin, qui s'ouvre sur un clin d’œil au grand George Maxwell et à ses polars sexy des années 50.
Le héros, Stanislas Leduc, auteur de romans pornographiques à succès et partouzeur bohème, s'emmerde ferme dans son trois-pièces parisien lorsque l'on sonne à sa porte. Il va ouvrir et, ta-da !, se retrouve alors en face d'une magnifique, que dis-je ?, d'une merveilleusement sublime à t'en couper le souffle poulette carrossée grand style et emballée de luxe. En bref, inutile de la décrire...
"C'était la môme Double-Choc en personne."
Scarlet Winchester de son petit nom. Et le narrateur de préciser : "Sous mon peignoir ma plume alanguie durcit férocement et gigota entre mes cuisses tandis que mes drupes résonnèrent comme le carillon des Malines."
Et c'est parti. Stanislas et Scarlet font connaissance. Ils baisent. Puis ils appellent un copain et baisent à trois. Puis ils embauchent une soubrette et baisent à quatre. Le copain appelle une amie à lui et ils baisent à cinq. La fille de la concierge se pointe et c'est l'orgie. 
De tous les romans de cet acharné de la pastiquette, Le Lit à Baldaquin s'impose comme le plus sommaire dans le déroulement de ses scénettes. Impossible, même, de parler d'intrigue. C'est du hardcore décomplexé et rigolard, aussi systématique dans ses idées (au fond, d'un roman à l'autre, cet auteur nous ressert toujours la même soupe) que roboratif dans le style et la vulgarité.
Debout, les damnés de l'artère (pudendale) ! Avec plus de dix années d'avance, Saint-Amour détruit les limites du bouquin de cul alimentaire et le cervelet des "sexyférés" qui les dévorent. Mentule, chagasse, zébi, marteau-pilon, tubercule. On s'emballe, on professe des insanités, on s'agite déraisonnablement. Surtout, on se suce, on se branle, on s'enconne et on s'encule, sans reprise de souffle ni perte de vitesse. Seul le lecteur faible du cœur et de la carotte risque d'y laisser sa plume. Mais de ce lecteur-là, Saint-Amour n'a que faire. Quant aux autres, il leur réserve, page après page, un traitement maison à la programmatique joyeuse et que je lui laisserai, en guise de conclusion, le soin de vous exposer :
"Paltoquets de mes fesses, ignares de ma braguette ! Ignorants de mon cul ! Paysans de mes couilles ! Laboureur de mon vallon ! Vous voyez bien que je vous ai à la bonne ! Tenez, vous qui me lisez, si je pouvais vous tenir à ma merci, je me ferais une joie de vous plonger le nez dans ma rainure et de vous faire compter du bout de la langue tous les poils de mon cul !"
Oui, véritablement, Saint-Amour est Amour.

4 commentaires:

Zaïtchick a dit…

Alors là... Rien que le jeu de mot du titre met l'eau à la bouche !

losfeld a dit…

Je bande au néon de cette lumineuse critique!

Chéri-Bibi a dit…

Et "les damnés de l'artère" c'est du poulet?
Non mon cher, c'est du Bram Stoker!

Pop9 a dit…

Croupons-nous, et demain ?