CADAVRE A L'AMBASSADE, DIEGO MICHIGAN
LA FEMME AUX DEUX CIGARETTES, A. G. MURPHY
ÉDITIONS JACQUIER / LA LOUPE, 1958
Le sujet avait déjà été abordé ici-même, plusieurs mois auparavant, mais j'y reviens, bille en tête, et en feignant de juger ça important.
(Enfin, à mes yeux, c'est du sérieux !)
Donc, je récapitule pour les cancres au feed RSS mal ajusté : il y a deux manières extrêmement distinctes de débuter son mauvais roman d'espionnage ou policier. J'éjecte la première direct, elle est trop subtile. Et puis, soyons clair (j'ai fait vœu de concision, cf. post précédent), aujourd'hui c'est la seconde qui nous intéresse. C'est à la fois la plus paresseuse et, logique, la plus rependue dans les collections à moins de 200 anciens francs le volume. Elle consiste tout connement à faire sonner un téléphone dans l'appartement du héros.
Ainsi, première ligne, premier chapitre de Cadavre à L'Ambassade : "Le téléphone sonna sur mon bureau." Simple, rapide et efficace pour les attardés de la narration.
Donc le mec décroche et à l'autre bout du fil, c'est son patron du FBI qui lui propose une mission pas très passionnante de 250 pages. Ouch ! 250 pages ! Nous ne remercierons jamais assez les éditions Jaquier pour leur générosité. Les caractères ont beau être bien gros et bien espacés, je dois admettre que les 8 cahiers qui composaient vaillamment ce chemin de croix pour insomniaque me furent difficiles à la boite à neurone, section "conserver son attention". Donc, évitons le résumé et, hop, passons directement au point majeur de cet ouvrage, la révélation de l'identité du Diego Michigan qui se cache derrière ce triste roman de Diego Michigan.
(Ça, c'est du scoop mes cocos !)
Quant au coupable signataire des nos 8 cahiers de l'ennui, il ne s'agit pas des deux épingles à cheveux, ni du rouge à lèvres - ça, j'en suis certain. Pour le reste, débrouillez-vous - moi, j'ai des choses plus importantes à faire, comme, par exemple, définir approximativement les divers degrés de médiocrité du roman de gare Jacquier.
Nos travaux pratiques du jour porteront donc sur La Femme Aux Deux Cigarettes d'A. G. Murphy, qui est tout ce qu'il faut de mauvais pour rester simplement mauvais - exactement comme Cadavre à L'Ambassade. Ce n'est pas du "tellement mauvais que c'est bon", c'est du mauvais mauvais, 250 pages à sauter du paragraphe sans rien sauver de l'infâme bouillon.
Et pourtant, La Femme Aux Deux Cigarettes est bien plus mauvais que Cadavre à L'Ambassade. C'est plus mou et plus con. Mais ça ne l'empêche pas de rester tout aussi nul. En quelque sorte, c'est du mauvais qui stagne, avec un écriteau péremptoire : BAIGNADE INTERDITE, MÊME EN CAS D'INSOMNIE. Je suis sérieux. Et je peux même vous le prouver : c'est un roman à télécommunication introductive.
Donc, premières phrases, premier chapitre :
Car La Femme Aux Deux Cigarettes n'est pas un polar mais un ersatz de roman des éditions Nous Deux. J'imagine facilement Anthony Murphy rouler sa bosse en parallèle (tendance diagonale hésitante) pour la collection Delphine ou les romans Murielle. C'est de la guimauve bien coulante, une soupe extrêmement fade dont je ne garderais en mémoire que cette magnifique déclaration d'amour à la virilité toute contenue, page 140, "Je suis en train de penser que vous feriez une délicieuse maîtresse de maison, murmura l'inspecteur presque inconsciemment, avec un abandon inusité chez lui."
Ah, c'est beau, c'est frais, c'est direct. Comme le disait si bien Herbert Léonard : ça donne envie d'aimer.
Ici, l'envie ne fut que fugace.
LA FEMME AUX DEUX CIGARETTES, A. G. MURPHY
ÉDITIONS JACQUIER / LA LOUPE, 1958
Le sujet avait déjà été abordé ici-même, plusieurs mois auparavant, mais j'y reviens, bille en tête, et en feignant de juger ça important.
(Enfin, à mes yeux, c'est du sérieux !)
Donc, je récapitule pour les cancres au feed RSS mal ajusté : il y a deux manières extrêmement distinctes de débuter son mauvais roman d'espionnage ou policier. J'éjecte la première direct, elle est trop subtile. Et puis, soyons clair (j'ai fait vœu de concision, cf. post précédent), aujourd'hui c'est la seconde qui nous intéresse. C'est à la fois la plus paresseuse et, logique, la plus rependue dans les collections à moins de 200 anciens francs le volume. Elle consiste tout connement à faire sonner un téléphone dans l'appartement du héros.
Ainsi, première ligne, premier chapitre de Cadavre à L'Ambassade : "Le téléphone sonna sur mon bureau." Simple, rapide et efficace pour les attardés de la narration.
Donc le mec décroche et à l'autre bout du fil, c'est son patron du FBI qui lui propose une mission pas très passionnante de 250 pages. Ouch ! 250 pages ! Nous ne remercierons jamais assez les éditions Jaquier pour leur générosité. Les caractères ont beau être bien gros et bien espacés, je dois admettre que les 8 cahiers qui composaient vaillamment ce chemin de croix pour insomniaque me furent difficiles à la boite à neurone, section "conserver son attention". Donc, évitons le résumé et, hop, passons directement au point majeur de cet ouvrage, la révélation de l'identité du Diego Michigan qui se cache derrière ce triste roman de Diego Michigan.
(Ça, c'est du scoop mes cocos !)
"Il ouvrit le sac et en retira successivement : un poudrier, un fume cigarette, un paquet de Players, un petit mouchoir de soie, un bâton de rouge, un ticket de cinéma, une paire de lunette aux verres fumés, une pince à épiler, deux épingles à cheveux et une minuscule coupure de presse annonçant que Willy De Spens était candidat aux Prix Goncourt."C''est un bien bel inventaire du matérialisme féminin que Diego nous offre là. D'ailleurs, c'est le passage le plus glorieux (littérairement parlant) de ce roman.
Quant au coupable signataire des nos 8 cahiers de l'ennui, il ne s'agit pas des deux épingles à cheveux, ni du rouge à lèvres - ça, j'en suis certain. Pour le reste, débrouillez-vous - moi, j'ai des choses plus importantes à faire, comme, par exemple, définir approximativement les divers degrés de médiocrité du roman de gare Jacquier.
Nos travaux pratiques du jour porteront donc sur La Femme Aux Deux Cigarettes d'A. G. Murphy, qui est tout ce qu'il faut de mauvais pour rester simplement mauvais - exactement comme Cadavre à L'Ambassade. Ce n'est pas du "tellement mauvais que c'est bon", c'est du mauvais mauvais, 250 pages à sauter du paragraphe sans rien sauver de l'infâme bouillon.
Et pourtant, La Femme Aux Deux Cigarettes est bien plus mauvais que Cadavre à L'Ambassade. C'est plus mou et plus con. Mais ça ne l'empêche pas de rester tout aussi nul. En quelque sorte, c'est du mauvais qui stagne, avec un écriteau péremptoire : BAIGNADE INTERDITE, MÊME EN CAS D'INSOMNIE. Je suis sérieux. Et je peux même vous le prouver : c'est un roman à télécommunication introductive.
Donc, premières phrases, premier chapitre :
"Dan Hugues atteignit avec effort la petite table sur laquelle reposait le téléphone. Celui-ci ne cessait de sonner et il semblait au jeune homme que ces appels duraient depuis un éternité."Nous noterons ici une certaine inventivité dans la mise en scène de l'appel téléphonique. Après, bien entendu, c'est le tout tralala habituel. Notre héros est un super-agent du FBI chargé d'une enquête super-débile. Bon, cette fois-ci, il est aussi membre à plein-temps des alcooliques pratiquants. Ça explique pourquoi il met tant de mots pour décrocher ce foutu combiné : il est bourré comme un coin le saligaud. Heureusement, une tétra-chiée de chapitres plus loin, l'amour (ah ! L'amour !) le sauvera de l'autodestruction par fermentation.
Car La Femme Aux Deux Cigarettes n'est pas un polar mais un ersatz de roman des éditions Nous Deux. J'imagine facilement Anthony Murphy rouler sa bosse en parallèle (tendance diagonale hésitante) pour la collection Delphine ou les romans Murielle. C'est de la guimauve bien coulante, une soupe extrêmement fade dont je ne garderais en mémoire que cette magnifique déclaration d'amour à la virilité toute contenue, page 140, "Je suis en train de penser que vous feriez une délicieuse maîtresse de maison, murmura l'inspecteur presque inconsciemment, avec un abandon inusité chez lui."
Ah, c'est beau, c'est frais, c'est direct. Comme le disait si bien Herbert Léonard : ça donne envie d'aimer.
Ici, l'envie ne fut que fugace.
2 commentaires:
désolé mais j'ai décroché avant la fin de ton post ;)
J'en reviens à "Cadavre à l'Ambassade" et à l'auteur présumé de ce titre. Françoise d'Eaubonne écrivit en effet qu'après avoir écrit Bagarres à Macao, elle "abandonnai ce pseudonyme à Certigny, Willy de Spens, à ma soeur Jehanne qui écrivit Comme deux gouttes de whisky, à G. Prévot et à quelques autres."
...mais peut-on être s^r que c'est de Spens lui-même qui a écrit Cadavre à l'Ambassade ?
A noter que sur la version que j'ai de ce titre - parue en 1955 à La Porte St-Martin - la portion de phrase citant de Spens est : "et une minuscule coupure de presse annonçant que Willy de Spens aurait le prix Goncourt." ; et non pas "serait candidat au Prix Goncourt."
A méditer (et pourquoi pas à m'éditer...)
TontonPierre
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