DU PLOMB EN SOUVENIR, DAN CURTISS
FRANCE SUD PUBLICATIONS / JAGUAR ROUGE # 4, 197?
TRANSWORLD PUBLICATIONS / # 11, 1972
EDITIONS BEAULIEU / CADRE NOIR # 7, 1974
André Guerber, notre filou favori devant l'éternel, aimait bien rééditer en dépit du bon sens les ouvrages de ses auteurs. Mais pour Du Plomb En Souvenir, il n'y a pas à dire, notre flibustier de la presse à imprimer s'était dépassé. 3 éditions différentes entre 72 et 76, suivie d'une quatrième en 1977, titrée Du Plomb Pour Les Salauds, éditions Oedip, collection le Rhinocéros.
On ne va pas s'en plaindre. Le roman de Dan Curtiss, véritable concentré de conneries viriles et de clichés hardboiled, le méritait bien.
Je te résume le chef-d'oeuvre, tu vas comprendre, c'est du lourd.
Tony Loman, le héros première personne du singulier, est donc un flic privé. Le meilleur dans sa catégorie. "35 ans, directeur de l'agence de recherches et d'enquêtes Loman, Domicilié aux Lyon's Building, 6° avenue. Célibataire. Ancien combattant au Viet-Nam, sergent-chef, ex-stagiaire de Fort-Braggs. Brun aux yeux gris et toutes ses dents."
Alors qu'il rentre chez lui, Loman manque de se faire dézinguer par un zinzin à gage et retrouve, étalé sur le lino de son appartement, le corps salement mutilé de Brenda, sa petite copine.
Ça le fout en rogne - un sentiment qui se conçoit aisément :
Ses soupçons se posent directement sur la personne de Da Silva, son ennemi juré, le ponte local du crime organisé, une bouffissure puante et adipeuse en provenance directe de Cuba.
Notre gugusse est littéralement déchainé. Dan Curtiss aussi. Du Plomb En Souvenir ferait passer l'intégrale de Mickey Spillane pour un monument de finesse et de distinction littéraire progressiste.
C'est du lourd, du foncièrement impropre à la consommation pour les masses non-habituées à la lecture régulière de romans de gare foutrement dégénérés.
Le dernier chapitre enfonce d'ailleurs le clou, violemment.
Les portes du ridicule sont depuis bien longtemps explosées. On atteint ici le firmament du divertissement pour mectons frustres.
Ainsi, afin de faire pression sur Loman, Da Silva kidnappe Judy, la blonde secrétaire de notre héros, une polka ultra-bandante, moulée comme une déesse et pourtant encore vierge.
Faut dire que la gonzesse est du type vieille école. Elle se garde fraiche pour Loman, avec qui elle compte bien se marier.
Mais Da Silva est un vrai salopard et, bien que préférant aux nichons et aux chattes les kekettes bien dures d'éphèbes scandinaves (ça, ça me rappelle Max Pecas et son Brigade des Moeurs !), il s'apprête à violer Judy sous les yeux de Loman - impuissant puisque tenu en respect par deux sbires du gros cubain.
Le suspense est à son comble.
Da Silva dénude Judy et lui écarte les ciseaux. Notre héros, lui, n'en peut plus. Il fulmine. Cet emboutissage non-consenti de l'hymen sacré, c'est l'ultime outrage !
Car il était à lui, bien à lui, ce vagin promis ! Faut pas déconner ! C'est du serious business que la virginité d'une poule !
Bref, ça le fout en rogne, Loman. Et la rogne, tout le monde le sait, mène à la haine, la haine mène à la puissance, la puissance mène... au défonçage de gueule des méchants !
...nous affirme d'ailleurs Dan, qui explose alors les deux sbires à coups d'atemis fulgurants, sort son P.38 et troue le bidon de cette enflure de Da Silva, "pétrifié dans la même position ridicule et un peu prétentieuse, entre les jambes de Judy."
L'auteur en profite pour nous rassurer : "Il a encore la main sur le pantalon."
Ouf ! Je respire ! L'honneur est sauf ! La polka n'a pas été pratiquée, son intimité est toujours sous cellophane. Merci Dan !
Le roman se termine alors sereinement mais on le referme tout de même emprunt d'un certain spleen. Car des comme ça, des bouquins aussi cons, aussi gras, aussi machistes et aussi ahurissant, c'est certain, on en écrit plus depuis bien longtemps.
Et je ne sais pas vous, mais moi, ça me rend triste...
FRANCE SUD PUBLICATIONS / JAGUAR ROUGE # 4, 197?
TRANSWORLD PUBLICATIONS / # 11, 1972
EDITIONS BEAULIEU / CADRE NOIR # 7, 1974
André Guerber, notre filou favori devant l'éternel, aimait bien rééditer en dépit du bon sens les ouvrages de ses auteurs. Mais pour Du Plomb En Souvenir, il n'y a pas à dire, notre flibustier de la presse à imprimer s'était dépassé. 3 éditions différentes entre 72 et 76, suivie d'une quatrième en 1977, titrée Du Plomb Pour Les Salauds, éditions Oedip, collection le Rhinocéros.
On ne va pas s'en plaindre. Le roman de Dan Curtiss, véritable concentré de conneries viriles et de clichés hardboiled, le méritait bien.
Je te résume le chef-d'oeuvre, tu vas comprendre, c'est du lourd.
Tony Loman, le héros première personne du singulier, est donc un flic privé. Le meilleur dans sa catégorie. "35 ans, directeur de l'agence de recherches et d'enquêtes Loman, Domicilié aux Lyon's Building, 6° avenue. Célibataire. Ancien combattant au Viet-Nam, sergent-chef, ex-stagiaire de Fort-Braggs. Brun aux yeux gris et toutes ses dents."
Alors qu'il rentre chez lui, Loman manque de se faire dézinguer par un zinzin à gage et retrouve, étalé sur le lino de son appartement, le corps salement mutilé de Brenda, sa petite copine.
Ça le fout en rogne - un sentiment qui se conçoit aisément :
"Les tueurs ça m'a toujours dégouté. Ce sont des cinglés qu'on ne peut réduire que par la corde, le gaz ou l'électricité. [...]Une rage froide lui consumant donc les tripes, il décide de retrouver l'enflure de fils de pute qu'à fait ça.
Mais quand ce tueur fait preuve de sadisme, alors j'estime qu'on doit inventer de nouvelles formes de torture. Quelque chose de raffiné. Un truc à faire dresser les cheveux sur la tête. Le genre d'amusement qui dure des heures et permet au salopard d'apprécier toutes les ressources d'une imagination délirante."
Ses soupçons se posent directement sur la personne de Da Silva, son ennemi juré, le ponte local du crime organisé, une bouffissure puante et adipeuse en provenance directe de Cuba.
"Je frémis de rage à la pensée qu'un type comme ça peut tout se permettre. Je suis écœuré de voir des hommes propres ramper devant lui. J'ai souvent envie de lui écraser sa grosse bouille vicelarde à grands coups de godasses et il n'est pas dit que j'en aie pas, un jour, l'occasion."Et cette fois, ça y est. Ding-dong ! C'est le jour-J qui sonne ! L'heure des comptes est bien arrivée. Loman astique donc son P.38 et se frictionne les poings. Ça va être justice à tous les étages.
"Personne ne peut régler cette affaire en dehors de moi et mon artillerie," balance-t-il à la gueule de son ami le chef de la police. "Ta société prétend reformer et non punir. Et ça, ça ne peut pas gazer. C'est pour cela que la vague de crimes est en constant accroissement."Des comme celles-là, Loman en sort toutes les 4 pages. "Ici, la loi c'est moi ! Je suis le juge et le jury !" s'écrit-il un peu plus loin en tabassant un méchant criminel. "Je te sortirai les tripes du ventre si il le faut mais je te ferai parler."
Notre gugusse est littéralement déchainé. Dan Curtiss aussi. Du Plomb En Souvenir ferait passer l'intégrale de Mickey Spillane pour un monument de finesse et de distinction littéraire progressiste.
C'est du lourd, du foncièrement impropre à la consommation pour les masses non-habituées à la lecture régulière de romans de gare foutrement dégénérés.
Le dernier chapitre enfonce d'ailleurs le clou, violemment.
Les portes du ridicule sont depuis bien longtemps explosées. On atteint ici le firmament du divertissement pour mectons frustres.
Ainsi, afin de faire pression sur Loman, Da Silva kidnappe Judy, la blonde secrétaire de notre héros, une polka ultra-bandante, moulée comme une déesse et pourtant encore vierge.
Faut dire que la gonzesse est du type vieille école. Elle se garde fraiche pour Loman, avec qui elle compte bien se marier.
Mais Da Silva est un vrai salopard et, bien que préférant aux nichons et aux chattes les kekettes bien dures d'éphèbes scandinaves (ça, ça me rappelle Max Pecas et son Brigade des Moeurs !), il s'apprête à violer Judy sous les yeux de Loman - impuissant puisque tenu en respect par deux sbires du gros cubain.
Le suspense est à son comble.
Da Silva dénude Judy et lui écarte les ciseaux. Notre héros, lui, n'en peut plus. Il fulmine. Cet emboutissage non-consenti de l'hymen sacré, c'est l'ultime outrage !
Car il était à lui, bien à lui, ce vagin promis ! Faut pas déconner ! C'est du serious business que la virginité d'une poule !
Bref, ça le fout en rogne, Loman. Et la rogne, tout le monde le sait, mène à la haine, la haine mène à la puissance, la puissance mène... au défonçage de gueule des méchants !
"Je me sens plein d'une puissance monstrueuse que rien ne peut endiguer..."
L'auteur en profite pour nous rassurer : "Il a encore la main sur le pantalon."
Ouf ! Je respire ! L'honneur est sauf ! La polka n'a pas été pratiquée, son intimité est toujours sous cellophane. Merci Dan !
Le roman se termine alors sereinement mais on le referme tout de même emprunt d'un certain spleen. Car des comme ça, des bouquins aussi cons, aussi gras, aussi machistes et aussi ahurissant, c'est certain, on en écrit plus depuis bien longtemps.
Et je ne sais pas vous, mais moi, ça me rend triste...
2 commentaires:
Le coup de la secrétaire qui se garde vierge pour son patron, c'est directement pompé du privé marteau de Spillane. Les "grands" esprits se rencontrent... J'ai aussi vu ça dans un SAS mais bon, ça le gênait pas trop vu ses penchants bien connus.
Merci pour ce blog si charmant. Vous travaillez toujours votre livre sur les espions ?
Cordialement
En effet, les polars de Roger Maury - principalement ceux signés Dan Curtiss - ressemblent à de bien sales photocopies des Mike Hammer de Spillane - l'efficacité de l'écriture en moins... mais une bonne grosse couche de vulgarité en plus, histoire de contrebalancer et de bien nous faire rigoler.
Quant au projet sur les espions, il avance, petit à petit - même si je ne vois pas encore le bout du tunnel !
Enregistrer un commentaire