BAROUND GAGNANT !

BAROU(N)D AU FBI, DAVID BERNETT
ÉDITIONS BAUDELAIRE / CHAT NOIR ESPIONNAGE, 1959

Encore une arnaque éditoriale signée André Guerber, et une belle. Baround au FBI. Oui, je sais, le titre se lit Baroud Au FBI sur la couverture mais à l'intérieur, page après page, un "N" solitaire s'incruste entre monsieur "U" et monsieur "D" et l'œuvre devient un véritable barouf du tonnerre.
D'ailleurs, comme nous l'affirme le résumé de quatrième de couverture (après nous avoir gracieusement révélé le nom de l'assassin mystérieux qui sévira entre ses pages) :
" BAROUND AU FBI : MIEUX QUE DE LA DYNAMITE, C'EST DE LA DYNAMITE A LA PUISSANCE MILLE QUE VOUS LIREZ ! "
Une accroche qui déchire et donne envie. Mais puisqu'il s'agit, je me répète, d'une arnaque Guerber, on n'est pas dupe.
Avant même d'ouvrir le roman, on lui sent déjà une fâcheuse tendance à pétarder humide. On se l'imagine tout autre, la soit disant dynamite puissance mille. Et on a pas tout à fait tord.
Mettons donc les choses au clair : dans Baround Au FBI, il n'y a ni baroud, ni baround, ni ba-quoi-que-ce-soit, ni FBI.
Mais alors, il y a quoi, demande le lecteur incrédule ?
Eh bien, il y a Laura, une fille dont le corps " fait ressembler celui de Rita Hayworth à un bloc de ciment mal équarri ! " Contactez Orson Welles, ça devrait l'intéresser !
En fait, Laura est la sœur jumelle de Marion, qui se fait tuer par Fred alors qu'elle comptait se marier avec Mike, un ami de Bob, journaliste qui travaille au New News, équivalent américain du Journal Journal. Laura prend donc l'identité de la défunte Marion, se marie avec Mike, mais Fred tente de la faire chanter et Bob de la tuer.
T'as rien compris ? C'est pas grave ! Comme l'affirme elle-même l'héroïne en page 52 : "cette histoire ne tient pas debout."

N'empêche - et là, je vais te surprendre - Baround Au FBI est un roman policier assez sympa, quelque part entre Vivian P.Marcy (pour les romances dégoulinantes à deux balles), Terry Stewart (pour le punch à l'américaine) et un James Hardley Chase en petite forme, revu et corrigé par la collection Turquoise (soit : de la cruauté et de l'amour, tout mélangé.)
On se posera tout de même quelques questions quant au roman en lui-même car, avec sa gueule de truc filou, Baround Au FBI fait méchamment penser à la combine Cesar Valentino de Agent Secret Contre X.
Rien que le nom de l'auteur a le don d'intriguer : David Bernett, ça sent le pseudonyme de pseudonyme - c'est à dire le pseudonyme maquillé en loucedé par l'éditeur pour mieux resortir, et en ayant l'air de rien, un bouquin de ses fonds de tiroirs sans passer par la case "paiement du scribouillard d'origine."
En gros : je réédite ton texte, avec un nouveau titre et un nouveau nom d'auteur, donc tu ne le sais pas, donc je ne te donne pas de thunes.
C'est une supposition gratuite mais, André Guerber nous ayant habitué à beaucoup de choses farfelues, elle me semble tout à fait plausible.

4 commentaires:

artemus dada a dit…

Je te décerne le Baroud d'Honneur.

DrBis a dit…

Le metteur en page qui l'a rebaptisé "baround" devait être rond comme une queue de pelle…

Anonyme a dit…

Tu devrais lire "Comme deux gouttes de Whisky", de Jehanne d'Eaubonne - alias Diégo Michigan/Richard Morgan pour ce titre - publié en 1954 aux Editions de la Seine (Guerber donc !) dans la série Service Secret... car je me suis laissé dire que "Baroud au F.B.I." est une réédition de ce titre...

TontonPierre

Zaïtchick a dit…

Rock baround the clock ?