CHINOIS AU Q, LUC OVONO
PROMODIFA / CRAC # 26, 1976
Concernant Roger Maury (alias Luc Ovono), écrivain moustachu à calvitie avancée, spécialiste du sous-produit viril, ultime parangon des mauvais genres imprimés et chiés au kilomètre, j'ai déjà dit l'essentiel dans ce billet de la fin novembre dernier.
Roger Maury était un scribouillard populaire aussi dingue qu'accablant, un scribouillard populaire exemplairement foireux, un scribouillard populaire génialement miteux que je n'échangerai contre aucun autre scribouillard populaire miteux et c'est là, à mon sens, tout ce que tu nécessites de savoir : lire du Roger Maury, c'est s'exposer à une expérience de médiocrité et de bêtise hors-norme.
ET C'EST BON,
C'EST TRÈS BON,
Ç'EN EST MÊME EXCELLENT !
C'est, en tout cas, ce que je vais essayer de te démontrer aujourd'hui, avec Chinois Au Q, un bouquin publié dans la collection CRAC de Promodifa.
Comme d'habitude, l'intrigue est stupide et sans intérêt. Des agents du S.D.E.C.E. sont compromis dans une affaire en Inde. L'auteur (et la France) y envoient Achille Zenon, notre héros, l'homme du CRAC, démêler l'écheveau de cette sordide machination dont on a strictement rien à taper.
Mais puisqu'il s'agit d'une production Promodifa, c'est à dire un roman appartenant au genre du, osons le mot, pornospionnage, eh bien, le gars Achille, il va aussi s'emmêler allègrement le pinceau dans les recoins intimes de quelques juments, des friponnes, des coquines qui n'attendaient que ça, et là, le lecteur, il est aux anges, il trépigne. ON L'IMAGINE DANS LE CLAIR-OBSCUR DE SON CAGIBI-BIBLIOTHÈQUE, AU MILIEU DES PILES BRANLANTES DE SES PUBLICATIONS BRANLEUSES, À DEMI RECOUVERT PAR DES ÉBOULIS DE POCHES POUSSIÉREUX, UNE CANETTE DE PREMIUM PILS 50 CENTILITRES DANS LA POGNE, 5 AUTRES À SES PIEDS, LA LIPPE PENDANTE ET DEUX PETITS YEUX GLAUQUES REFLÉTANT UNE EXTRÊME CONCENTRATION, OUI, ON L'IMAGINE, IL EST HEUREUX, IL TOURNE LES PAGES VAILLAMMENT EN BUVANT DE TEMPS À AUTRES QUELQUES LARGES RASADES DE SA PISSE GRANDE CONSOMMATION ET MOI, JE DÉCRIS, JE M'EMPORTE, JE BOUFFE DES LIGNES INDUMENT ALORS REPRENONS
Ainsi, le chef de la police locale dissimule "la montée houleuse de son exécration en savourant avidement le fruit amer de la vengeance qu'il préparait," tandis qu'une mère maquerelle se voit "torturée par un souvenir qu'une révolte lucide lui avait fait écarter de sa route" et qu'Achille Zenon nous est présenté comme "inflexible, sans passion comme sans rêve, plus dur que l'acier et aussi froid qu'un diamant."
Dans ces moments là, on ne sait pas trop de quoi Maury peut bien causer mais on s'en contrefiche. Les phrases claquent en cadence. Marcel Proust des gaugues publiques, il tend peu à peu vers les aspirations de son lectorat.
On y arrive enfin en page 40. Achille Zenon se tape une première gonzesse. L'attaque est classique, l'échauffement standard. C'est la mère maquerelle qui passe à la casserole et Zenon y met du cœur (et quelques autres ustensiles) à l'ouvrage.
Mais notre héros et son auteur ont d'autres choses de plus important à foutre. Basta la môme ! Décarres la carne ! L'intrigue n'attend pas, elle se poursuit.
Ainsi, invité à une petite réception, Achille Zenon fait la connaissance d'une superbe petite poule Chinoise. Cette dernière, se collant à lui le temps d'un slow langoureux, lui déclare : "vous paraissez fort et terriblement dur. Un de ces hommes qui ne craignent pas d'affronter la vie et d'en retirer le meilleur." On attend que Zenon lui fasse le coup de la turgescence en folie mais non, il n'en est rien. Il préfère retourner voir la mère maquerrelle qui, pour le coup, a bien appris sa leçon :
"passive, elle s'ouvre."
Ça commence donc à devenir routinier, pour ne pas dire mollasson. Néanmoins, 30 pages plus loin, le cheptel se renouvelle, Zenon faisant la connaissance de Devi, une jeune et jolie adolescente encore pucelle.
ET C'EST BON,
C'EST TRÈS BON,
Ç'EN EST MÊME EXCELLENT !
C'est, en tout cas, ce que je vais essayer de te démontrer aujourd'hui, avec Chinois Au Q, un bouquin publié dans la collection CRAC de Promodifa.
Comme d'habitude, l'intrigue est stupide et sans intérêt. Des agents du S.D.E.C.E. sont compromis dans une affaire en Inde. L'auteur (et la France) y envoient Achille Zenon, notre héros, l'homme du CRAC, démêler l'écheveau de cette sordide machination dont on a strictement rien à taper.
Mais puisqu'il s'agit d'une production Promodifa, c'est à dire un roman appartenant au genre du, osons le mot, pornospionnage, eh bien, le gars Achille, il va aussi s'emmêler allègrement le pinceau dans les recoins intimes de quelques juments, des friponnes, des coquines qui n'attendaient que ça, et là, le lecteur, il est aux anges, il trépigne. ON L'IMAGINE DANS LE CLAIR-OBSCUR DE SON CAGIBI-BIBLIOTHÈQUE, AU MILIEU DES PILES BRANLANTES DE SES PUBLICATIONS BRANLEUSES, À DEMI RECOUVERT PAR DES ÉBOULIS DE POCHES POUSSIÉREUX, UNE CANETTE DE PREMIUM PILS 50 CENTILITRES DANS LA POGNE, 5 AUTRES À SES PIEDS, LA LIPPE PENDANTE ET DEUX PETITS YEUX GLAUQUES REFLÉTANT UNE EXTRÊME CONCENTRATION, OUI, ON L'IMAGINE, IL EST HEUREUX, IL TOURNE LES PAGES VAILLAMMENT EN BUVANT DE TEMPS À AUTRES QUELQUES LARGES RASADES DE SA PISSE GRANDE CONSOMMATION ET MOI, JE DÉCRIS, JE M'EMPORTE, JE BOUFFE DES LIGNES INDUMENT ALORS REPRENONS
(au passage, tu remarquera que l'ensemble de mes textes critiques relève de l'autobiographie mi-romancée mi-naturaliste - comment ? tu t'en fous ? ah...)Donc, Achille Zenon est sur place, en Inde, et Roger Maury, son dieu, son auteur, semble en très grande forme. Ses doigts virevoltent comme de beaux petits diables sur les touches de sa Japy dernier modèle, dessinant dans l'air confiné de son bureau la cartographie aussi éphémère qu'invisible d'une inspiration en pleine ébullition. Pompeuse mais grandiose, sa prose toute personnelle s'épanouit en grosses coulures dégueulasses, jusqu'à conférer à ses personnages-clichés des dimensions insoupçonnables.
Ainsi, le chef de la police locale dissimule "la montée houleuse de son exécration en savourant avidement le fruit amer de la vengeance qu'il préparait," tandis qu'une mère maquerelle se voit "torturée par un souvenir qu'une révolte lucide lui avait fait écarter de sa route" et qu'Achille Zenon nous est présenté comme "inflexible, sans passion comme sans rêve, plus dur que l'acier et aussi froid qu'un diamant."
Dans ces moments là, on ne sait pas trop de quoi Maury peut bien causer mais on s'en contrefiche. Les phrases claquent en cadence. Marcel Proust des gaugues publiques, il tend peu à peu vers les aspirations de son lectorat.
On y arrive enfin en page 40. Achille Zenon se tape une première gonzesse. L'attaque est classique, l'échauffement standard. C'est la mère maquerelle qui passe à la casserole et Zenon y met du cœur (et quelques autres ustensiles) à l'ouvrage.
"Je me lance dans une cavalcade impétueuse, la bourrant de coups de Bélier puissants [...]"Puis, deux pages plus loin :
"[...] je l'attire, la soude sauvagement à moi et la vrille de toute ma turgescence en folie."TURGESCENCE EN FOLIE ! N'est-ce point magnifique ? Si, si, bien entendu que c'est magnifique. C'est d'ailleurs tellement magnifique (tu m'arrêtes si j'en fais trop) tellement magnifique disais-je, que la gonzesse entreprise par Zenon, au départ pas très consentante, se met à balbutier des "encore... encore..." de greluche comblée.
Mais notre héros et son auteur ont d'autres choses de plus important à foutre. Basta la môme ! Décarres la carne ! L'intrigue n'attend pas, elle se poursuit.
Ainsi, invité à une petite réception, Achille Zenon fait la connaissance d'une superbe petite poule Chinoise. Cette dernière, se collant à lui le temps d'un slow langoureux, lui déclare : "vous paraissez fort et terriblement dur. Un de ces hommes qui ne craignent pas d'affronter la vie et d'en retirer le meilleur." On attend que Zenon lui fasse le coup de la turgescence en folie mais non, il n'en est rien. Il préfère retourner voir la mère maquerrelle qui, pour le coup, a bien appris sa leçon :
"passive, elle s'ouvre."
Ça commence donc à devenir routinier, pour ne pas dire mollasson. Néanmoins, 30 pages plus loin, le cheptel se renouvelle, Zenon faisant la connaissance de Devi, une jeune et jolie adolescente encore pucelle.
TING ! TING !! TING !!!
JACKPOT ! LES TROIS BANANES À LA SUITE !
"Tais-toi, chérie, ne pense à rien d'autre qu'au plaisir qui s'insinue en toi," lui chuchote-t-il dans le creux de l'esgourde tout en se débraguettant la partie stratégique du benouze.
Malheureusement pour notre homme, et alors qu'il s'apprête enfin à faire passer la gamine sur le fil brulant de son glaive de chair et de sang, ne voila-t-il pas qu'il est interrompu par le père de cette dernière qui toque à la porte, le malotru !
Pour Zenon, c'est balpeau. Il peut se le rembarrer dans le slibard, son glaive enflammé. Grognon comme pas un, il s'en va alors se bastonner avec des méchants stationnant quelques pages plus loin. C'est d'ailleurs pendant ce pugilat tonitruant qu'il apprend l'identité du grand vilain en chef qui machine des trucs dans l'ombre ("Quel mobile ténébreux dicte son action destructive ? Quelle haine sordide le pousse à impliquer la France dans de sombres machinations ?") mais nous, on s'en fout de tout ça, je te l'ai déjà dit, nous, ON VEUX DU CUL !
Du cul, on en a donc des pages 126 à 130. Achille se grignote la Chinoise, en y essayant quelques prises sournoises :
Mais pour notre homme, ce n'est pas encore le moment. Surement qu'il est un peu cyclothymique sur les bords, le con. Il la repousse et repart à l'aventure.
Du cul, on en a enfin des pages 162 à 164. Le climax du roman, le point d'orgue de cette œuvre aussi jouissive que passionnante. Achille va voir la Chinoise. Il est en rut, elle est OK, il se l'enfourche. Et de laisser à son auteur le soin de faire éclater toute sa sève doucereusement sensible en une somptueuse giclée de poésie pure :
Après ça, forcement, tout est dit. Son acte consommé avec la classe qu'on lui connait, il ne reste plus au héros qu'à dénouer les fils de l'intrigue. Il fait donc échouer les projets du grand méchant en deux coups de cuillère à pot puis, son action salvatrice dument effectuée, s'en va alors en direction du domicile de la jeune pucelle, le bénard tendu à l'extrême par la ferme résolution de s'envoyer cette maudite poulette séance tenante.
Malheureusement, à ce moment-là du roman, nous sommes en page 188. Autant dire : nous en sommes à la toute dernière page du texte. Nous n'en saurons donc pas plus sur cette étreinte autant désiré que mérité MAIS QU'IMPORTE !
Car dans le clair-obscur de son cagibi-bibliothèque, le contenu alcoolisé de ses 6 canettes navigant désormais dans ses veines, notre lecteur s'est assoupi.
Il ronfle légèrement en bavant un peu sur son t-shirt du club Mickey et, dans son crane, un rêve étrange et pénétrant déroule ses tentacules.
Tous pareils à deux gouttes d'eau, une nuée de moustachus à la calvitie avancée descendent énergiquement les Champs Élysée. Au pied de l'arc, une fanfare passe un 78 tours de l'hymne national. La galette fond au soleil. Le son devient élastique. La fanfare fond. Les chauves moustachus continuent en suivant la cadence. Perchés sur des gradins, des milliers de leurs semblables les acclament en agitant des fanions multicolores. Les bouches s'ouvrent toutes sur le même cri
Malheureusement pour notre homme, et alors qu'il s'apprête enfin à faire passer la gamine sur le fil brulant de son glaive de chair et de sang, ne voila-t-il pas qu'il est interrompu par le père de cette dernière qui toque à la porte, le malotru !
Pour Zenon, c'est balpeau. Il peut se le rembarrer dans le slibard, son glaive enflammé. Grognon comme pas un, il s'en va alors se bastonner avec des méchants stationnant quelques pages plus loin. C'est d'ailleurs pendant ce pugilat tonitruant qu'il apprend l'identité du grand vilain en chef qui machine des trucs dans l'ombre ("Quel mobile ténébreux dicte son action destructive ? Quelle haine sordide le pousse à impliquer la France dans de sombres machinations ?") mais nous, on s'en fout de tout ça, je te l'ai déjà dit, nous, ON VEUX DU CUL !
Du cul, on en a donc des pages 126 à 130. Achille se grignote la Chinoise, en y essayant quelques prises sournoises :
"Je crois comprendre un goût particulier de sa part mais quand elle perçoit ma manœuvre, elle glisse une main derrière elle pour me saisir et me guider normalement."Du cul, on manque d'en avoir des pages 149 à 154. Alors que notre héros explique à la jeune pucelle les méandres de la politique internationale, cette dernière lui lance avec concupiscence "Achille... fais moi femme."
Mais pour notre homme, ce n'est pas encore le moment. Surement qu'il est un peu cyclothymique sur les bords, le con. Il la repousse et repart à l'aventure.
Du cul, on en a enfin des pages 162 à 164. Le climax du roman, le point d'orgue de cette œuvre aussi jouissive que passionnante. Achille va voir la Chinoise. Il est en rut, elle est OK, il se l'enfourche. Et de laisser à son auteur le soin de faire éclater toute sa sève doucereusement sensible en une somptueuse giclée de poésie pure :
"Un instant, elle se caresse du bourgeon vultueux, le faisant glisser le long de sa cicatrice moite, le secouant au sommet de ses molles babines pour exciter la minuscule excroissance de chair qui domine sa féminité."LE SANS-FAUTE ! LA PANACÉE ! Bourgeon vultueux (!), cicatrice moite (!!), molles babines (!!!), N'EN JETEZ PLUS ! C'EST L'ORGASME !
Après ça, forcement, tout est dit. Son acte consommé avec la classe qu'on lui connait, il ne reste plus au héros qu'à dénouer les fils de l'intrigue. Il fait donc échouer les projets du grand méchant en deux coups de cuillère à pot puis, son action salvatrice dument effectuée, s'en va alors en direction du domicile de la jeune pucelle, le bénard tendu à l'extrême par la ferme résolution de s'envoyer cette maudite poulette séance tenante.
Malheureusement, à ce moment-là du roman, nous sommes en page 188. Autant dire : nous en sommes à la toute dernière page du texte. Nous n'en saurons donc pas plus sur cette étreinte autant désiré que mérité MAIS QU'IMPORTE !
Car dans le clair-obscur de son cagibi-bibliothèque, le contenu alcoolisé de ses 6 canettes navigant désormais dans ses veines, notre lecteur s'est assoupi.
Il ronfle légèrement en bavant un peu sur son t-shirt du club Mickey et, dans son crane, un rêve étrange et pénétrant déroule ses tentacules.
Tous pareils à deux gouttes d'eau, une nuée de moustachus à la calvitie avancée descendent énergiquement les Champs Élysée. Au pied de l'arc, une fanfare passe un 78 tours de l'hymne national. La galette fond au soleil. Le son devient élastique. La fanfare fond. Les chauves moustachus continuent en suivant la cadence. Perchés sur des gradins, des milliers de leurs semblables les acclament en agitant des fanions multicolores. Les bouches s'ouvrent toutes sur le même cri
VIVE MAURY ! VIVE LA FRANCE ! VIVE LA LITTÉRATURE QUI TÂCHE !Je me suis réveillé en nage. Depuis, j'ai juré d'arrêter la bière.
6 commentaires:
Après le talon...
La crampe d'Achille !
AH !!! Bravo Zait ! j'me disais bien qu'y avait un truc à faire avec Achille mais mon cerveau moussait à zero :)
Ah entendre parler de Roger Maury, c'est trop bon. Certes pas autant que le lire, je vous l'accorde. L'ami robo a bien du mal à cacher la tendresse qu'il éprouve pour le viril-chauve-moustachu. (Si tu veux son numéro de tél. demande-moi). Je vais ressortir mes promodifa de mes cartons, miam, miam.
A propos, à quand une nouvelle dose d'arabesque? Et de Georges Pierquin? Pour le colonel Céruse, j'insiste pas, pour celui-là, je crois que robo est arrivé à ses limites, non?
Merci Bête Mahousse. Et oui, j'aime Maury ;)
Quant aux prochains billets, j'ai du Presses Noires, du Jaguar Rouge et Robert Laffont Agent Secret sur la pile à déblatérer.
mais je vais essayer de me faire de l'Arabesque dans les mois qui viennent... et puis, aussi, qui sait, un petit colonel Ceruse !!!
Je crois bien que c'est un de tes textes qui m'a le plus fait marrer, maître Robo32, du bonheur à l'état pur.
Oui, on se fait plaisir comme on peut hein.
Merci donc !
oooh arrêtez, je vais rougir !
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