DU SANG DANS LE CHAMPAGNE, GEORGE MAXWELL
LE CONDOR / LA MÔME DOUBLE-SHOT # 16, 1953
Quelle femme, cette môme Double-Shot ! Pourtant, ce "n'est pas un personnage de légende," nous informe l'éditeur en quatrième de couv', non, non, "c'est une fille comme beaucoup d'autres, un peu mieux roulée avec un côté curieux qui fait qu'on s'attache à elle dès qu'elle entre en scène."
Oh ! Arrêtes ton char. Ça joue les modestes mais on démasque bien vite tes intentions. Droit au but : Rien que les descriptions qui nous sont faites de la poitrine de l'héroïne annoncent la couleur. "C'est plus une devanture, c'est une balustrade !"
La môme Double-Shot, c'est donc une fille bigger-than-life. Elle vous fouette le sang pire qu'une poignée d'orties. On dirait Bill Ward illustrant un strip de papy Spillane. Et ses aventures sortent du même canon. Le calibre improbable, lourd à porter. C'est généreux et idiot. Trop généreux et trop idiot. Pas forcement bon pour la santé non plus.
Bref. Dans l'épisode du jour (Du Sang Dans Le Champagne), la môme enquête dans le Chinatown San-Franciscain. Accompagné par son fidèle gorille (vrai nom : Charly Brown), elle cherche un mystérieux meurtrier, un dangereux dealer, un sinistre sectateur.
Possible que les trois ne soient en réalité qu'une seule et même personne : le Dragon Noir. Un gugusse peu recommandable. Les fanas de George Maxwell qui se sont déjà tartinés quelques aventure de Miss One-Shot, la fille de Double-Shot, savent à quoi s'en tenir. On assiste ici à la naissance d'une certaine continuité dans l'œuvre de Maxwell. L'arbre généalogique prend racine, et d'une façon que la bienséance reprouve. GO, MAXWELL, GO !
Mais reprenons. La môme traine dans Chinatown by night et son périple se transforme très rapidement en une belle étude de ces clichés so-fifties concernant l'exportation aux USA de l'homme asiatique et de sa culture si particulière, si fascinante, si pas-comme-la-notre.
Car le Chinois est un être fondamentalement étrange. Faut le savoir.
Il est jaune, de petite taille, silencieux (sauf en groupe - là, "on se croirait enfermés dans une voliere de cacatoès"), fourbe, cruel et malin. Il a un code de l'honneur bien à lui, cause un dialecte barbare pleins de niak-niak et produit une cuistance qu'à une drôle d'allure. Surtout, les chinetoques, avec leurs petits yeux bridés et leurs faces de macaques savants, se ressemblent tous comme deux gouttes d'eau.
Difficile alors, avec pareils olibrius, de mener décemment son enquête. L'investigation piétine. Concernant ses activités occultes dans des tripots servant de couvertures à d'inquiétantes sociétés secrètes, le Chinois se tient coi.
Muet comme une carpe.
On n'en attendait pas moins de sa part.
Et pendant ce temps-là, George Maxwell fait reluire ses artifices habituels. Sexe et sadisme, délires et déviances. Page 41-46, Hopy Travers est droguée puis violée par le Dragon Noir. "Et quand je pense qu'avec ça j'ai pris mon fade comme un bourrin..." dit-elle avant de rajouter, sentencieuse :
Après ça, forcement, comme le disait très justement Hassan i Sabbah à ses potes de défonce, là haut sur la montagne, ouais, après ça, tout est permis.
Nature.
Les Chinois, histoire de démontrer qu'ils ne donnent pas que dans la torture raffinée des berlingots de ces dames, se mettent à œuvrer dans le sévices salement graphiques.
Ainsi, tandis qu'un équarrissage de guibole à la scie musicale égaille le chapitre 14, voila le chapitre 15 qui nous compile en 2 pages top chrono un hit parade renversant d'atrocités gerbouilleuses. Le sol n'est plus inondé de jus de barbaque, c'est la pièce entière qu'est devenue une piscine aux tons carmins.
Du Sang Dans Le Champagne ?
Plutôt quelques gouttes de mousseux dans des hectolitres d'hémoglobine.
Et George Maxwell qui tire à la ligne.
Ou plutôt : mitraille à la page. Mitraille la page itou. On le sent patiner. Faut remplir, et le contrat, et les feuillets, tout ça pour pas lerche.
Alors c'est l'imagination qui morfle.
La môme est ainsi faite prisonnière par les Chinois tous les 3 ou 4 chapitres. Sur les 31 que compte le bouquin, ça laisse la place à une belle pelletée de répétitions. Hope Travers ligotée, bâillonnée, fourragée, noyée, lâchée dans une fosse à serpents, tenue en respect par une sarbacane qui débite de l'obus d'artillerie. Tout le répertoire y passe et le lecteur non-averti trépasse. Le pauvre.
Il n'aura pas tenu jusqu'à la fusillade finale.
C'est indigent et indigeste, certes, mais c'est aussi fabuleux que fantasmatique. Ça fout la barrabille dans le bon goût et ça ne s'explique pas.
On aime ou on décarre.
Point à la ligne.
LE CONDOR / LA MÔME DOUBLE-SHOT # 16, 1953
Quelle femme, cette môme Double-Shot ! Pourtant, ce "n'est pas un personnage de légende," nous informe l'éditeur en quatrième de couv', non, non, "c'est une fille comme beaucoup d'autres, un peu mieux roulée avec un côté curieux qui fait qu'on s'attache à elle dès qu'elle entre en scène."
Oh ! Arrêtes ton char. Ça joue les modestes mais on démasque bien vite tes intentions. Droit au but : Rien que les descriptions qui nous sont faites de la poitrine de l'héroïne annoncent la couleur. "C'est plus une devanture, c'est une balustrade !"
La môme Double-Shot, c'est donc une fille bigger-than-life. Elle vous fouette le sang pire qu'une poignée d'orties. On dirait Bill Ward illustrant un strip de papy Spillane. Et ses aventures sortent du même canon. Le calibre improbable, lourd à porter. C'est généreux et idiot. Trop généreux et trop idiot. Pas forcement bon pour la santé non plus.
Bref. Dans l'épisode du jour (Du Sang Dans Le Champagne), la môme enquête dans le Chinatown San-Franciscain. Accompagné par son fidèle gorille (vrai nom : Charly Brown), elle cherche un mystérieux meurtrier, un dangereux dealer, un sinistre sectateur.
Possible que les trois ne soient en réalité qu'une seule et même personne : le Dragon Noir. Un gugusse peu recommandable. Les fanas de George Maxwell qui se sont déjà tartinés quelques aventure de Miss One-Shot, la fille de Double-Shot, savent à quoi s'en tenir. On assiste ici à la naissance d'une certaine continuité dans l'œuvre de Maxwell. L'arbre généalogique prend racine, et d'une façon que la bienséance reprouve. GO, MAXWELL, GO !
Mais reprenons. La môme traine dans Chinatown by night et son périple se transforme très rapidement en une belle étude de ces clichés so-fifties concernant l'exportation aux USA de l'homme asiatique et de sa culture si particulière, si fascinante, si pas-comme-la-notre.
Car le Chinois est un être fondamentalement étrange. Faut le savoir.
Il est jaune, de petite taille, silencieux (sauf en groupe - là, "on se croirait enfermés dans une voliere de cacatoès"), fourbe, cruel et malin. Il a un code de l'honneur bien à lui, cause un dialecte barbare pleins de niak-niak et produit une cuistance qu'à une drôle d'allure. Surtout, les chinetoques, avec leurs petits yeux bridés et leurs faces de macaques savants, se ressemblent tous comme deux gouttes d'eau.
Difficile alors, avec pareils olibrius, de mener décemment son enquête. L'investigation piétine. Concernant ses activités occultes dans des tripots servant de couvertures à d'inquiétantes sociétés secrètes, le Chinois se tient coi.
Muet comme une carpe.
On n'en attendait pas moins de sa part.
Et pendant ce temps-là, George Maxwell fait reluire ses artifices habituels. Sexe et sadisme, délires et déviances. Page 41-46, Hopy Travers est droguée puis violée par le Dragon Noir. "Et quand je pense qu'avec ça j'ai pris mon fade comme un bourrin..." dit-elle avant de rajouter, sentencieuse :
"Bordel de putes borgnes !"Hélas pour elle, les choses ne vont pas en s'améliorant. 20 pages plus loin, bâillonnée, tenue en respect, elle subie les derniers outrages en matière de médecine gynécologique. On explore "le fond du fond de la môme Travers" et Maxwell débloque dur. C'est l'origine du monde à mots couverts... "et pourtant, tu peux croire qu'ils n'ont pas mis des gants pour me chanstiquer la cramouille, ces mirontons de malheur !"
Après ça, forcement, comme le disait très justement Hassan i Sabbah à ses potes de défonce, là haut sur la montagne, ouais, après ça, tout est permis.
Nature.
Les Chinois, histoire de démontrer qu'ils ne donnent pas que dans la torture raffinée des berlingots de ces dames, se mettent à œuvrer dans le sévices salement graphiques.
Ainsi, tandis qu'un équarrissage de guibole à la scie musicale égaille le chapitre 14, voila le chapitre 15 qui nous compile en 2 pages top chrono un hit parade renversant d'atrocités gerbouilleuses. Le sol n'est plus inondé de jus de barbaque, c'est la pièce entière qu'est devenue une piscine aux tons carmins.
Du Sang Dans Le Champagne ?
Plutôt quelques gouttes de mousseux dans des hectolitres d'hémoglobine.
Et George Maxwell qui tire à la ligne.
Ou plutôt : mitraille à la page. Mitraille la page itou. On le sent patiner. Faut remplir, et le contrat, et les feuillets, tout ça pour pas lerche.
Alors c'est l'imagination qui morfle.
La môme est ainsi faite prisonnière par les Chinois tous les 3 ou 4 chapitres. Sur les 31 que compte le bouquin, ça laisse la place à une belle pelletée de répétitions. Hope Travers ligotée, bâillonnée, fourragée, noyée, lâchée dans une fosse à serpents, tenue en respect par une sarbacane qui débite de l'obus d'artillerie. Tout le répertoire y passe et le lecteur non-averti trépasse. Le pauvre.
Il n'aura pas tenu jusqu'à la fusillade finale.
"Alors là, mes aïeux, ça crache la mort dans tous les azimuts."Tu l'as dit bouffi. Et le roman qui se clôture enfin. Il n'a satisfait aucune intelligence mais, entre son amoncellement de bidoche trouée et de rigoles de raisiné, a permit à quelques beaux morceaux de phrases, tantôt vulgaires tantôt poétiques, d'éclore. Il faut les chercher longuement. Comme une truffe dans la fange, ça nourrira surtout les cochons. Et c'est justement pour cela qu'on aime George Maxwell. Ça, et aussi parce que La Môme Double-Shot est un défouloir hystérique unique en son genre.
C'est indigent et indigeste, certes, mais c'est aussi fabuleux que fantasmatique. Ça fout la barrabille dans le bon goût et ça ne s'explique pas.
On aime ou on décarre.
Point à la ligne.
2 commentaires:
Entre "les quatrièmes demeures" et celui ci, ça va encore me faire des livres à rechercher !
Encore bravo !
mon Maxwell favori reste Un Pyjama de Sapin (chroniqué sur ce blog d'ailleurs) - une aventure de la Môme qui va à toute berzingue.
sinon, un excellent texte sur l'auteur peut être lu ici :
http://litteraturepopulaire.winnerbb.net/t967-maxwell-george
(faut descendre un peu, ça débute au neuvieme post...)
quant aux chinois, j'espère pouvoir causer un jour de "Le Niakoué Est Amoureux", roman policier bas de gamme signé Louis de la Hattais et aussi confondant qu'hilarant.
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