ESPION D'AVRIL : VOILA L'PROGRAMME !

L'année dernière, le mois d'Avril avait été 100 % Viril avec une thématique axée sur nos amis les musclés du roman de gare des années 70 et 80 : Exécuteurs, Destructeurs, Pénétrateurs et autres Bousilleurs de papier bon marché.
Cette année, rebelote, mais avec un sujet légèrement différent. Ainsi, pendant 30 jours, il ne sera pas question de nos amis les barbares modernes sur-armés et sur-entrainés mais de leurs proches parents, ceux qui, 20 ans durant, pavèrent la voie du roman de super-marché :

ESPIONS, AGENTS SECRETS, BARBOUZES ET SOLDATS DE L'OMBRE.

Car l'espionnage
, du début des années 50 aux années 70, constitua l'avant-dernier stade d'une littérature d'aventure revue et corrigée en simple divertissement alimentaire, la littérature vendue comme une marque de shampooing ou de lessive, la littérature en boite et en conserve, aussi facilement consommable que rapidement jetable.


À l'instar des romans de guerre, des romances pour nanas et des westerns pour garçons (et contrairement à la SF ou au polar), l'espionnage populaire ne chercha ni ne connut aucune reconnaissance critique. Normal. Le genre ne répondait qu'à des critères de rendements et de gains, en suivant des règles narratives et structurelles aussi simplistes que strictes, renforcées par un formatage à l'économie du style d'écriture - la production en série ne peut être permise que par un emploi de tournures de phrases ultra-rudimentaire. 190 pages mensuelles ne s'écrivent pas en soignant ses effets de plume.
Le genre était donc usiné au kilomètre
, cousu comme une tapisserie monotone, vendu aux masses laborieuses trop fatiguées pour réfléchir. Sur presque 20 ans (à la louche, de 50 à 70), il opéra une courbe ascensionnelle qui entraina la sur-production d'ersatz et (ça va de pair) la lassitude du public.
Un marché envahi par des quantités aberrantes de bouquins et de collections, comme si il s'agissait là d'une véritable course à l'armement.
Ça ne pardonne pas.
Après une décennie d'or (les sixties et le règne de l'espionnite sur tous les supports disponibles - cinéma, bd, radio, télévision, livres), l'espionnage se cassa enfin la gueule. Débandade générale. Les auteurs se recasèrent comme ils le purent. En 1970, la majorité des collections avaient passées l'arme à gauche, seuls quelques mammouths éditoriaux résistaient - les autres se reconvertirent dans le porno ou le viril. L'espionnage devint donc sexpionnage.
Et ce fut l'agonie douce...

(...parallèle, d'ailleurs, à celle que le roman de gare commençait à subir, ses parts de popularités bouffées par son grand concurrent, cet appareil qui s'imposa (tout comme l'espionnage) en pleine période de modernité atomique et de progrès domotique : la télévision.)
Bref, pendant un mois, on ne causera que d'espionnage. Espionnage, espionnage, espionnage.
ESPION D'AVRIL, donc.
Ou, par le menu : Filatures dans la nuit, voitures de courses, filles dans le vent, discours protectionnistes, twist parties endiablées, gadgets hi-tech, drogues et sérums de vérité, tortures en tout genre, noms de code chiffrés, pugilats héroïques, mitraillages intensifs, explosions nucléaires, secrets militaires et tout le bourzouf.
Ça va surement en barber certains mais tant pis pour eux.
Et puis, qui sait ? Peut être arriverai-je, pendant ce mois d'Espion D'Avril, a convaincre une ou deux personnes du bien fait authentique de ces petits bouquins de série signé Gil Darcy, Roland Piguet, Yves Dermeze ou Ernie Clerk et que l'on trouve si facilement en pagaille, à 20 centimes la pièce, dans les foires, les brocantes, les vides greniers, les emmaüs et autres marchés aux puces de province ?

Un petit effort.
Dites "OUI !" au roman de gare bas de gamme.
[ ICONOGRAPHIE : 1 - une photographie extraite de la réédition du roman La Gonio À L'Agonie de Pierre Genève (Euredif, 1970) , 2 - la couverture du Mystere Magazine # 265 avec George Lazenby / James Bond en couverture (1970), 3 - la scene finale de Furia à Bahia (1965), mon film OSS 117 favori, un André Hunebelle avec Frederick Stafford et Mylène Demongeot. ]

2 commentaires:

Zaïtchick a dit…

Il paraît que les mois d'avril sont meurtriers... ^^

ROBO32.EXE a dit…

c'est vrai... je ne sais pas si j'arriverai à survivre à un mois de lecture intensive de romans d'espionnage (sans compter que ça fait déjà 3 semaines que je ne lis plus que ça...)