SILENCE, CLINIQUE !, EDDY GHILAIN
ROBERT LAFFONT / AGENT SECRET # 23, 1965
Il est toujours étonnant de remarquer comment certains romans, à l'apparence anodine, peuvent prendre par les sentiments dès le premier paragraphe, simplement en combinant quelques images fortes.
Par exemple :
La suite ne failli pas à mes attentes. Et pourtant, j'en avais des attentes, au sujet de ce Silence, Clinique ! Car je le recherchais depuis un certain temps, ce bouquin, attiré à la fois par le fait qu'il connu une adaptation cinématographique franco-italienne (Baraka sur X13, par Maurice Cloche et avec Gérard Barray, 1965) et par la personnalité de son auteur, Eddy Ghilain, scénariste et metteur en scène dans les années 50 de pièces pour le théâtre du Grand Guignol.
On lui doit entre autre ces titres aussi fascinants qu'alléchants que sont L'École du Strip-Tease, Le Cercueil Flottant, Le Saut de la Mort, La Mort qui Tue, La Rage au Ventre, La Violeuse, Les Blousons Sanglants ou encore Les Coupeurs de Têtes - sur l'affiche de ce dernier, on peut lire : "perdus dans l'enfer vert, drame de la jungle en 2 actes et 3 tableaux. "
On salive sur ces choses que l'on ne connaîtra jamais...
Mais revenons-en à Silence, Clinique ! Intrigue simple mais tendue. Une caravelle disparaît en plein vol, un scientifique manque d'y être liquidé et des documents secrets sont convoités par des puissances ennemies. Pour les services secrets Français, il est temps d'envoyer un super-agent démêler l'écheveau de cette satanée affaire.
Le super-agent en question, ce sera Serge Vadil, dit X.13. "Il avait du cran et aussi de la chance, et il s'était haussé au tout premier rang des agents secrets."
Il retrouve la trace de l'avion, sauve le scientifique puis lui sert de garde du corps. Sur les deux tiers de sa longueur, l'intrigue se retrouve alors concentré en un lieu unique, une clinique enneigée dans les Alpes Suisses, près de Berne.
Le décors est original, bien rendu et savamment exploité. Comme de bien entendu, la clinique se révèle être un nid d'espion. Russes, Américains, Chinois, le tiercé gagnant... et les Français en d'Artagnan, tout aussi brutaux que leurs ennemis.
L'intérêt de la nation prime sur l'individu. Ghilain et ses personnages ne font pas dans les bons sentiments et Silence, Clinique ! se retrouve à nager entre la sécheresse d'un Donald Hamilton privé de ses bons mots et l'austérité d'un Roland Piguet, mais en bien plus énergique. Cocktail frustre dans lequel, étonnamment, s'immisce par deux fois l'amour en la personne de Mania, la belle infirmière suisse, et de l'agent B.13, incurable romantique, véritable tragédienne fleur bleue.
Quant à ceux qui se plaindraient du manque d'action spectaculaire, le chapitre 13 est là pour mettre les choses au point, rappelant le temps de quelques pages que le théâtre du Grand Guignol ne se refusait aucun excès.
Du tout cuit, certes, mais du saignant !
L'année suivant Silence, Clinique !, Eddy Ghilan publia son second roman, un polar en Série Noire, L'Homme au Chien, puis fit silence radio.
C'est regrettable.
X.13 méritait bien d'autres aventures...
ROBERT LAFFONT / AGENT SECRET # 23, 1965
Il est toujours étonnant de remarquer comment certains romans, à l'apparence anodine, peuvent prendre par les sentiments dès le premier paragraphe, simplement en combinant quelques images fortes.
Par exemple :
"L'homme sorti de sa poche une grenade qu'il dégoupilla, puis il s'avança dans la travée centrale, vers le poste de pilotage. Il avait une tête de robot humain : casque de parachutiste, lunettes rigoureusement ajustées et inhalateur d'oxygène, prolongé de son boudin de caoutchouc noir."Deux phrases et j'étais absorbé. Elles sont pourtant purement utilitaires, ces deux phrases, mais elles concentrent en quelques lignes une bienheureuse double promesse, celle de l'action (la grenade dégoupillée) et celle de la modernité (la tête de robot humain).
La suite ne failli pas à mes attentes. Et pourtant, j'en avais des attentes, au sujet de ce Silence, Clinique ! Car je le recherchais depuis un certain temps, ce bouquin, attiré à la fois par le fait qu'il connu une adaptation cinématographique franco-italienne (Baraka sur X13, par Maurice Cloche et avec Gérard Barray, 1965) et par la personnalité de son auteur, Eddy Ghilain, scénariste et metteur en scène dans les années 50 de pièces pour le théâtre du Grand Guignol.
On lui doit entre autre ces titres aussi fascinants qu'alléchants que sont L'École du Strip-Tease, Le Cercueil Flottant, Le Saut de la Mort, La Mort qui Tue, La Rage au Ventre, La Violeuse, Les Blousons Sanglants ou encore Les Coupeurs de Têtes - sur l'affiche de ce dernier, on peut lire : "perdus dans l'enfer vert, drame de la jungle en 2 actes et 3 tableaux. "
On salive sur ces choses que l'on ne connaîtra jamais...
Mais revenons-en à Silence, Clinique ! Intrigue simple mais tendue. Une caravelle disparaît en plein vol, un scientifique manque d'y être liquidé et des documents secrets sont convoités par des puissances ennemies. Pour les services secrets Français, il est temps d'envoyer un super-agent démêler l'écheveau de cette satanée affaire.
Le super-agent en question, ce sera Serge Vadil, dit X.13. "Il avait du cran et aussi de la chance, et il s'était haussé au tout premier rang des agents secrets."
Il retrouve la trace de l'avion, sauve le scientifique puis lui sert de garde du corps. Sur les deux tiers de sa longueur, l'intrigue se retrouve alors concentré en un lieu unique, une clinique enneigée dans les Alpes Suisses, près de Berne.
Le décors est original, bien rendu et savamment exploité. Comme de bien entendu, la clinique se révèle être un nid d'espion. Russes, Américains, Chinois, le tiercé gagnant... et les Français en d'Artagnan, tout aussi brutaux que leurs ennemis.
L'intérêt de la nation prime sur l'individu. Ghilain et ses personnages ne font pas dans les bons sentiments et Silence, Clinique ! se retrouve à nager entre la sécheresse d'un Donald Hamilton privé de ses bons mots et l'austérité d'un Roland Piguet, mais en bien plus énergique. Cocktail frustre dans lequel, étonnamment, s'immisce par deux fois l'amour en la personne de Mania, la belle infirmière suisse, et de l'agent B.13, incurable romantique, véritable tragédienne fleur bleue.
Quant à ceux qui se plaindraient du manque d'action spectaculaire, le chapitre 13 est là pour mettre les choses au point, rappelant le temps de quelques pages que le théâtre du Grand Guignol ne se refusait aucun excès.
"À la vitesse d'un éclair, un revers de pelle lui fit sauter la tête. Le sang jailli du cou tranché, comme d'un tuyau d'arrosage."Notons, avant de conclure, que les intitulés des chapitres participent grandement au plaisir de la lecture. La mort aussi à son parfum, Le loup dans la bergerie, Une mise sur deux tableaux, Le jeu de la mort et du hasard, S'aimer à en crever, On devrait toujours prévoir l'imprévu... autant de titres énigmatiques appelant à de petites pièces fictives et renforçant l'effet de tension. Eddy Ghilain, assurément, a du métier. Tombé entre les mains de n'importe quel autre auteur d'espionnage, son roman aurait tout juste transpiré la banalité, l'ennui, la routine. Lui a l'art de captiver à moindre frais.
Du tout cuit, certes, mais du saignant !
L'année suivant Silence, Clinique !, Eddy Ghilan publia son second roman, un polar en Série Noire, L'Homme au Chien, puis fit silence radio.
C'est regrettable.
X.13 méritait bien d'autres aventures...
2 commentaires:
Merci de nous faire découvrir ces petites perles.
De rien, Zaït', c'est le but de ce blog :)
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